Les bombardements redoublent

Tous à la cave 

   La sécurité n'étant plus assurée nulle part , il fallu nous résoudre à descendre à la cave vers le début du mois de novembre 1944 . Tout était nouveau , pour nous , enfants , et la situation assez grotesque nous portait quelquefois à rire . Mais les bruits extérieurs nous ramenaient vite à la réalité , et nous nous rendions compte que la maison pouvait nous tomber dessus sans crier gare .

   Il y avait bien quelque chose de plaisant , c'était la cuisine de Catherine , c'était surtout des pommes de terre faites au saindoux avec du lard qu'elle avait mis de côté , et qui faisaient nos délices . Elle avait toutes sortes d'astuces pour confectionner toutes sortes de choses avec trois fois rien , mais il fallait bien nourrir tout ce petit monde . Par contre , les nuits étaient très agitées par des bruits inquiétants et les souris qui couraient sur le plancher de terre battue nous réveillaient en sursaut !

   Les jours malgré tout passaient vite dans l'angoisse grandissante , nous savions que la fin de la guerre était proche et que nos libérateurs arrivaient rapidement .

   Le 21 novembre au matin , assez tôt , Catherine s'isole pour des besoins naturels dans le petit recoin . Tout à coup , une déflagration étourdissante retentit , suivie d'un grand raffut : tout s'est écroulé sous le poids de la pauvre Catherine qui s'est levée d'un seul coup . Nous n'avons pas le coeur à rire , nous saurons par la suite que c'est l'école des filles de la rue des écoles qui est détruite , les munitions qu'elle contenait ayant été mises à feu .

   Ensuite , tout va très vite . Les soldats français sont dans la place , plusieurs coups de feu le long de la Douce retentissent . On ose enfin sortir au grand jour , c'est un moment de pur bonheur ! Quand il n'y a plus de risques , nos parents nous autorisent à sortir pour nous mêler à la population dans la joie ! 

 

École des filles détruite 

  A suivre ....