1945 - 1947

Après la guerre , on s'organise 

    Il fallait réapprendre à vivre après les années de guerre et tout réorganiser . On se remettait petit à petit de ces années de privations de toutes sortes . Les magasins se remplissaient à nouveau de victuailles , plus de ces affreux tickets d'alimentation .

    Pour remonter un peu les finances du ménage mises à mal par la guerre , mon père travaille d'arrache pied tous les soirs . Lui qui est un excellent tapissier - bourrelier trouve très vite des travaux à faire à la maison : des matelas sont à refaire , des fauteuils vieillissants à rénover , des colliers de chevaux à réparer et à refaire entièrement , des sacs de toutes formes à inventer etc... Je le regarde travailler avec admiration , émerveillée par sa débrouillardise et son savoir faire . Il coud merveilleusement bien sur la machine à coudre familiale , il a toutes sortes d'astuces .

    Sous les mains de mon père , des fauteuils crapauds reprennent une deuxième vie , le cuir n'a pas non plus de secrets pour lui . Il nous confectionne des ceintures , des sacs de classe etc...

    Le curé Diringer lui ayant demandé de confectionner une porte capitonnée en cuir noir pour l'église , il réussi parfaitement celle-ci . Elle restera de longues années en bonne place . Par ailleurs , mon père fait partie des pompiers de Bavilliers , il est sollicité pour différents travaux de réhabilitation de toitures ou bâtiments , tout cela en tant que bénévole , et en dehors de son travail ! Maman de son côté est un peu son apprentie , elle travaille toujours le champ et le jardin qui nous fournissent de délicieux légumes . Bref , nous remontons la pente !

     L'école fonctionne maintenant sans interruption et nous grandissons à nouveau dans le calme et la sérénité retrouvés . Nous reprenons nos jeux interrompus pendant la guerre , nous nous rendons quelquefois à Belfort où nous admirons de belles choses et de beaux vêtements en vitrine (dont nous n'avons que le regard) , mais nous nous contentons de peu , j'ai des copines joyeuses et gentilles , nous ne demandons rien de plus .

      Nous retournons de temps à autre auprès de la vierge du Brigbraie pour la remercier de nous avoir protégés pendant la guerre . 

 

La vierge du Brigbraie 

   A suivre ....

Comments

[Michèle]

C'est vrai que le peu que nous avions suffisait à notre bonheur . Je suis persuadée que c'est dans les situations difficiles que l'on apprend à vivre , c'est ce qui nous rend plus fort pour la suite . Biz .

[Cath]

Je te remercie pour ces souvenirs que tu as "couché sur une feuille". C'est une histoire passionnante qu'on lit du début jusqu'à la fin tout en remontant plus haut pour relire les détails qu'on aurait trop survolés. Je salue la détermination de tes parents pour vous sortir de cette pénible situation. Je pense que c'est une leçon pour nous et pour nos futures générations.
Merci et continue.

[Michéle]

Une chose est sûre , c'est que plus on ne dispose que de peu , plus on apprend à être débrouillard et à faire quelque chose avec peu de moyens . Que de chemin parcouru depuis ces moments-là !

[thierry]

vous avez passe de dur momment mais avec peu vous fesiez beaucoup.maintenant le moindre petit soucis et tout le monde panique