Année 1955

On n'a pas tous les jours 20 ans
 

    J'avais , par chance , trouvé très vite un emploi chez un comptable Belfortain , la directrice de l'école de comptabilité que j'avais fréquentée lui ayant donné mes coordonnées . Mon premier salaire avait été reçu comme une aubaine et je me souviens qu'avec l'argent que ma mère m'avait donné, je m'étais enfin acheté .... un imperméable présentable !

    Le moral revenait de plus en plus , avec la sensation d'être utile et de contribuer aux besoins de la maisonnée .

    A l'occasion des conscrits , nous nous étions tous retrouvés dans un petit café du village et nous avions fêté joyeusement l'évènement , en finissant la soirée comme il se doit à la salle des Fêtes de Belfort . La pauvre Pierrette n'avait pas eu la permission maternelle et en pleurait presque !

    J'avais une grande admiration pour mon conscrit Gilbert , admiration je crois partagée .... J'ai amèrement regretté qu'il soit parti de France brusquement pour se rendre en Suisse . L'admiration que nous avions l'un pour l'autre aurait pû évoluer par la suite ... Mais la vie est ainsi faite , quand on n'a pas le courage , à certaines occasions , de dire un tout petit mot qui aurait pû tout changer .

    Je me console comme je peux en sortant de temps à autre avec une bande de copains gentils et fraternels .J'ai deux bonnes copines Pierrette et Yolande avec lesquelles je m'entends très bien . Nous nous rendons souvent à Belfort faire nos courses et toujours admirer les vitrines de vêtements . 

 

Avec ma copine Yolande

 

Avec Pierrette et ma soeur   

     La vie s'écoule doucement , la situation s'améliore un peu , nous sommes toujours entourés de voisins très gentils avec qui il fait bon vivre . 

 

Avec ma mère et Odile   

     Le mur devant la maison est plus que jamais pris d'assaut , nous refaisons déjà le monde , les discussions vont bon train avec des tas d'éclats de rire ! 

 

Avec Odile , René et Yvette 

     Cette année là , nous avons eu un grand choc en apprenant que mon parrain Joseph , dépressif , avait mis fin à ses jours . Stupeur en apprenant de la bouche du prêtre que l'enterrement se ferait ... sous les cloches à l'entrée de l'église . Cette façon de faire m'avait scandalisée et fait faire un grand écart entre l'église et moi . 

 

Mon parrain et sa femme Thérèse 

    A suivre ....